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Jean LAUDE

Biographie

Repères biographiques

 

Scrupuleusement collectés et rédigés par Jean-Louis Paudrat.

 

Naissance le 11 mai 1922 à Dunkerque.

 

Après ses études secondaires, Jean Laude prend une inscription à la faculté

de Droit de Paris (1941).

Il est astreint au travail obligatoire en Autriche de septembre 1942 à juin 1945.

Recruté en 1946 par Michel Leiris au département d'Afrique noire du Musée de l'Homme au titre d'aide-technique. Publie en août et décembre deux articles se rapportant à l'art et à l'ethnologie.

Épouse le 26 décembre 1946 Claudine Capet.

Est incité, après Robert Goldwater, à poursuivre les recherches sur la « découverte » des arts « primitifs » par les artistes et les écrivains, notamment à la lecture des contributions de Daniel-Henry Kahnweiler sur « L'Art  Nègre et le Cubisme » et de Michel Décaudin sur  "Guillaume Apollinaire devant l'Art Nègre", parues en 1948 dans Présence Africaine.

Contribue au numéro spécial, dirigé par Madeleine Rousseau et Cheikh Anta Diop, du Musée vivant, sous-titré « 1848 Abolition de l'esclavage — 1948 Évidence de la culture nègre ».

Membre actif du groupe parisien du Surréalisme Révolutionnaire (1947-1948), il écrira sur trois artistes liés à ce mouvement : Jacques Doucet, Max Bucaille et Robert Jacobsen.

Naissance de sa fille Corinne.

Obtient en 1950 une licence en lettres. À la fin de cette même année s'achève sa collaboration au Musée de l'Homme ; laquelle sera suivie quelques mois après par son admission au Centre National de la Recherche Scientifique sur la base d'un double projet : typologie et analyse formelle de la statuaire du pays dogon d'une part et, de l'autre, recherches sur le « primitivisme » dans la peinture européenne des deux premières décennies du XXe siècle. Durant les années 1950, paraissent dans Critique, Cahiers d’Art, Présence Africaine, Revue d’Esthétique, L’œil, plusieurs comptes rendus d’ouvrages sur l’art africain, auxquels s’ajoutent les articles didactiques sur l’Afrique de l’Enciclopedia universale dell’arte.

Sur la suggestion de Noël Arnaud, alors membre de la rédaction de Pour l'Art, publie en 1954 dans quatre numéros successifs de ces cahiers une « introduction à la connaissance de l'art moderne ».

 

Aux Entretiens d'Arras, prononce en juin 1955 une communication sur « La peinture moderne et le public » et, en juin 1956, une seconde sur « L'histoire, la peinture et la mise en scène d'événements passés ». Lesquelles seront publiées par les éditions du CNRS.

 

Le corpus de référence de la sculpture dogon et pré-dogon s'accroissant à la faveur de missions de collectes non institutionnelles, il caractérise en 1959 dans les Cahiers du Musée de Poche, « le fait stylistique Tellem », antérieur à celui des Dogons. Cette orientation, qui conjoint ethnographie, archéologie, histoire et esthétique, s'élargit à l'Afrique occidentale dans sa contribution à la revue des Annales (octobre-décembre 1959).

 

Au cours de la première moitié des années 1960, se rend par deux fois en Afrique. Participe en août 1962 à Salisbury en Rhodésie-du-Sud, au First International Congress of African Culture, et visite, en compagnie d'Alfred Barr Jr., William Fagg, Pierre Guerre, Hélène Kamer, Albert Maesen, Lee Miller, Roland Penrose, John Russell et Tristan Tzara, le site archéologique du Great Zimbabwe. Peu après, il assiste en Côte d'Ivoire, au musée d'Abidjan et en pays baoulé, au tournage de séquences du film qu'il coréalise avec Édouard Berne, Art Nègre, primé en 1963 au Festival de Venise dans la catégorie des films sur l'art.

 

Soutient en mars 1964 une thèse de doctorat de 3e cycle, préparée sous la direction de Pierre Francastel, La Statuaire du pays dogon. Contribution à l'esthétique des arts soudanais. Si cette étude, en raison de l'ampleur de son iconographie, ne trouva éditeur, plusieurs articles en restituent les méthodes et résultats majeurs.

 

Pendant cette période, il développe ses travaux sur le modernisme artistique occidental, ce dont témoignent ses recensions parues principalement dans Critique. La revue Médiations publie en 1961 son essai sur « L’Esthétique de Carl Einstein ». Jean Laude fut le premier à redécouvrir l'importance de l'œuvre de ce théoricien de l'art, initiateur, avec Negerplastik (1915), de la réflexion sur le langage plastique de la sculpture africaine.

 

En avril 1966, assurant sa notoriété au-delà des spécialistes, paraît dans la collection du Livre de Poche, Les Arts de l'Afrique noire, ouvrage abondamment illustré, largement diffusé, réédité par deux fois (1979 et 1990), traduit en anglais, espagnol et hongrois.

 

Quelques jours après la sortie en librairie de ce livre, il rejoint Dakar où se déroule le 1er Festival mondial des arts nègres présidé par Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire, et intervient lors du colloque « Fonction et signification de l'Art nègre dans la vie du peuple et pour le peuple ».

 

En 1966-1967 collabore étroitement à la préparation du catalogue de l'exposition « Arts primitifs dans les ateliers d'artistes » présentée en 1967 au Musée de l'Homme, à l'initiative de la Société des Amis du musée de l'Homme. Cette même année, pour le 20e anniversaire de la Revue d'Esthétique, il retrace, de Giacometti à Noguchi, de Jacobsen à Cardenas, « Vingt ans de sculpture ».

 

Sur exemplaires achevés d'imprimer en mars 1968, il soutient le 27 juin, sa thèse de doctorat d'État dirigée par Étienne Souriau : La Peinture française (1905-1914) et l'« Art nègre », contribution à l'étude des sources du fauvisme et du cubisme. Il quitte peu après le CNRS et commence alors à l'Université sa carrière d'enseignant-chercheur. À l'invitation de Frank Popper, fondateur du département d'Arts Plastiques au Centre universitaire expérimental de Vincennes, il y assure un cours en 1969. Puis, enseigne l'histoire de l'art moderne et contemporain à l'université de Besançon, ainsi que l'histoire et l'esthétique des arts de l'Afrique subsaharienne aux universités de Paris X-Nanterre et de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Dans cette dernière, promu en octobre 1974 professeur titulaire en Histoire de l'art contemporain, il enseigne et dirige nombre de recherches en deux de ses départements, « Histoire de l’Art » et « Arts plastiques et Sciences de l’Art », jusqu’à son décès en 1983.

 

La fin des années 1960 et la première moitié des années 1970 sont marquées par des publications telles que «Lecture ethnologique de l’art», «Récit d’une destruction des formes», «Le Bauhaus et l’Europe des Utopies» ou encore «Écritures et calligraphies chez Michaux», parues en 1969. En 1971, dans la monumentale Année 1913 (éditions Klincksieck), Jean Laude traite du chapitre réservé à la sculpture.

 

Sous l'égide de l'Université et du musée d'Art et d'Industrie de Saint-Étienne, se déroulent en novembre 1971 et en février 1974 les deux premiers colloques d'Histoire de l'art contemporain : Le Cubisme, où il intervient sur « Picasso et Braque, 1910-1914 : la transformation des signes », puis, «Le retour à l'ordre dans les arts plastiques et l'architecture, 1919-1925», où il pose la question : « Retour et/ou rappel à l'ordre ? ».

 

Contribue en 1972 au catalogue de l'exposition de Munich Weltkulturen und die moderne Kunst par une version abrégée, dédiée « À Angela Davis et aux Soledad Brothers », de son ouvrage de 1968. La même année, parution de « Notes sur les techniques, les matières et les formes dans la sculpture moderne » et de divers écrits sur les œuvres de Peverelli, Domela et Byzantios.

 

Séjourne à New York à l'été 1972 afin de rédiger les textes du catalogue de l'exposition (4 avril - 20 mai 1973) du Brooklyn Museum «African Art of the Dogon-The Lester Wunderman Collection».

 

En 1974, au 1er colloque du Centre Pierre-Francastel, il intervient sur «Les "Ateliers" de Matisse» et publie sa monographie consacrée à Zao Wou-Ki.

 

Il participe en novembre 1976 au 3e colloque de Saint-Étienne, «Art et idéologies - L'art en Occident, 1945-1949» avec une communication sur les « Problèmes de la peinture en Europe et aux États-Unis (1944- 1951) ».

 

Dans la seconde moitié des années 1970, son engagement dans le développement de la recherche à l'Université se manifeste notamment par la création en juin 1976 du « Centre de recherches historiques sur les relations artistiques entre les cultures ». Celui-ci comporte entre autres programmes, la publication de travaux et mémoires et d’un bulletin de liaison, Le Truchement. Selon les axes de recherches qu’il préconise, sont préparées sous sa direction et soutenues de 1976 à 1983, quelque 130 maîtrises et thèses. De plus, à l’actif du Centre et de celui qui le préside, a lieu en octobre 1977 le 1er symposium international d’Ethnoesthétique africaine auquel participent des chercheurs qualifiés venus d’Afrique, d’Amérique du Nord et d’Europe.

 

Assure le commissariat général de l'exposition « Arts africains/Art européens — Rencontres et Influences » présentée au Nigeria, à Lagos, en janvier-février 1977, lors du 2e festival mondial des arts négro-africains. Contribue à la première des publications du musée Barbier-Müller (1977), préface le recueil de photographies dues à Michel Huet Danses d'Afrique (1978), fait paraître une édition mise à jour des Arts de l'Afrique noire (1979), dédie à René Jullian une étude « Autour de la "Porte-fenêtre à Collioure" de Matisse », publiée dans le catalogue de l'exposition de l'été 1978  du musée de l'Annonciade. En mars 1979, dernière de ses communications aux colloques de Saint-Étienne, « La crise de l'humanisme et la fin des utopies ».

 

Pour la première livraison (juillet — septembre 1979) des Cahiers du musée national d'art moderne, revue dont, selon jean Clair, Jean Laude sera le membre « le plus actif » de son comité scientifique, il dresse de Carl Einstein « Un portrait ».

 

Il intervient en avril 1980 au colloque international de l'Université Paris VII «Écritures. Systèmes idéographiques et pratiques expressives» sur «Paul Klee : lettres, écritures, signes».

 

En 1980, contribue au catalogue de l'exposition Esprits et dieux d'Afrique au Musée national Message biblique Marc Chagall par un essai « Création artistique, pensée mythique et religion. Pour une iconologie des arts de l'Afrique noire», qui anticipe son article «Art et Mythe : formes de la fonction signifiante dans l'Afrique subsaharienne » du Dictionnaire des mythologies (1981), publié sous la direction de Yves Bonnefoy.

 

Prononce au Centre Pompidou le 24 avril 1981, à l’occasion de l’exposition Paris-Paris, 1937-1957, une conférence « Introduction au climat d’avant-guerre » qui sera éditée l’année suivante par Les Cahiers du musée national d’Art moderne.

 

Décès de son épouse le 23 novembre 1982.

 

Paraît en 1982 son étude, « La stratégie des signes », publiée en introduction au catalogue raisonné de la période cubiste de l'œuvre de Georges Braque, établi par Nicole Worms de Romilly.

 

Donne en Espagne du 30 janvier au 12 février 1983 une série de conférences clans les universités et centres culturels français.

 

Convié par William Rubin à collaborer au catalogue de l'exposition du MoMA : «"Primitivism" in 20th Century Art — Affinity of the Tribal and the Modern», il rédige en 1983, en dépit de la grave maladie qui l'affecte, son essai sur Klee, assisté dans l'ultime phase de sa mise au point par son ami Pierre Daix.

 

Décès de Jean Laude le 8 décembre 1983 à Paris.

 

Après sa disparition, un ouvrage paru en 1984 à Athènes et consacré au père de Constantin Byzantios, le peintre Périclès Byzantios, intègre une longue « analyse syncrétique » des œuvres de ce dernier. Par la suite, sont publiées les versions originales, d'une part, du texte sur Klee à la faveur de l'édition en français (1987) du catalogue de l'exposition du MoMA, et d'autre part, dans le catalogue de l'exposition Dogon (1994-1995) du musée Dapper, de son étude destinée antérieurement à accompagner l'exposition de 1973 du Brooklyn Museum. Sont réédités en 1990 Les Arts de l'Afrique noire, et en 2006, dans une version qui tient compte entre autres des corrections apportées par l'auteur après sa première parution, La Peinture française (1905-1914) et l'art nègre».

 

Dès janvier 1984, avec le soutien actif de la famille, est constituée l’Association des Amis de Jean Laude, ouverte à tous ceux qui furent ses proches, artistes, poètes, historiens, conservateurs de musée, étudiants et autres familiers. On leur doit l’organisation sous diverses formes de manifestations honorant la mémoire de l’historien d’art et du poète. Ainsi, le 24 mai 1984, au Centre Pompidou, à l’instigation de Blaise Gautier, directeur de l'émission La Revue Parlée, se font entendre les voix de ceux qui tinrent à témoigner leur reconnaissance envers l’homme et son œuvre. En parallèle, fut diffusé un livret polycopié comportant quelque vingt textes courts célébrant la stature originale de Jean Laude.

 

Au cours de l'année 1985, publications et expositions lui rendent hommage. Sous le titre « Autour de Jean Laude — Dialogue entre Ies cultures », la 6e livraison de L'Ecrit-voir, organe d'un collectif d'étudiants-chercheurs en histoire de l'art, réunit un ensemble de textes dont les auteurs, pour la plupart, furent de ses étudiants.

 

Intitulé Les Abstractions 1 : la diffusion des Abstractions — Hommage à Jean Laude a lieu du 27 février au 2 mars le Ve des colloques de Saint-Etienne. Dans son numéro de mars, Critique publie, de Claude Frontisi, «I 'historien d'art : entre texte et image», et, de Michel Collot, « Jean Laude poète : entre lignes et signes ». Le numéro 16 des Cahiers du musée national d'Art moderne, introduit par le témoignage de Jean Clair sur « Jean Laude et les Cahiers », édite la transcription intégrale d'un cours donné à l'Université en 1981-82, «Naissances des Abstractions».

 

En collaboration avec l'Association des Amis de Jean Laude, le musée d'Art moderne de Saint-Étienne, dont la bibliothèque avait reçu depuis 1987 sur décision du directeur du musée, Bernard Ceysson, le nom de « Bibliothèque Jean Laude », présente du 15 novembre au 28 décembre 1991 une exposition d'œuvres de peintres et sculpteurs avec lesquels il fut en relation, d'objets africains dont certains ayant appartenu à Victor Brauner, de manuscrits et livres illustrant son activité poétique. Reprise en janvier de l'année suivante à la Chapelle de la Sorbonne, cette double manifestation Pour Jean Laude, annoncée par une affiche originale de Soulages, comporte un catalogue auquel ont collaboré entre autres Michel Collot, Bernard Dorival, Claude Frontisi, Mady Ménier, Jean Paris.

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