1991
De Jean Laude, d'autres ont dit ou diront quel fut le savant, le penseur, l'amateur d'art, l'homme. Je voudrais plus modestement attester quel fut le professeur. Ayant eu souvent l'occasion de faire soutenir avec lui des mémoires de maîtrise ou des thèses, j'ai pu, à cette occasion, connaître et apprécier le professeur qu'il était.
C'était d'abord un professeur consciencieux. Les thèses et les mémoires, il les avait lus à fond, avec soin, avec méthode. Il les avait lus, aussi, avec lucidité. Leurs qualités -ou leurs défauts - ne lui avaient pas échappés et il pouvait ainsi en faire une critique clairvoyante et bien fondée. Mais, cette critique, il la faisait avec bienveillance. Jamais d'aigreur, jamais d'ironie dans ses propos, qui étaient toujours positifs, constructifs, encourageants même. Dans le candidat il voyait une personne qu'il voulait engager à devenir davantage la personne qu'elle était, en corrigeant ce qu'il y avait, en elle, de négatif ou d'insuffisant. Ses propos étaient pour elle un enrichissement, un épanouissement, un plus. Il y avait du Socrate en lui : chacun de ses élèves, il excellait à les accoucher d'eux-mêmes, et cela au prix d'une maïeutique riche de fécondité. Il était un Maître au sens plein du terme, et il l'était - et c'est ici que le maître rejoint l'homme - parce qu'il était Bon.
Bernard Dorival
1991
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